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La blogosphère de Charline à Kinshasa
19 mars 2007

Kinshasa retient son souffle

Ils portent tous l’habit vert et la kalachnikov du parfait militaire congolais. Pourtant, de part et d’autre du boulevard du trente juin – l’axe nerveux du centre ville – deux camps se regardent en chien de faïence depuis une semaine. Hier la tension était à son comble, les GSM n’en finissaient pas de sonner pour ordonner qui à son mari, qui à son enfant à rentrer s’abriter chez soi.

militaire_en_marcheD’un côté, les forces armées régulières (FARDC), de l’autre, la garde rapprochée de Jean-Pierre Bemba, candidat malheureux aux élections législatives. Toutes deux sont des forces légitimes : les accords post-électoraux prévoyaient que celui qui perdrait les élections pourrait conserver son dispositif de sécurité personnel. C’est ce qui c’était passé et jusqu’au 6 mars dernier, les 250 gardes de Bemba étaient restés assez discrets. Jusqu’à ce que le chef d’Etat-major général de l’armée annonce qu’endéans les dix jours ils seraient remplacés par des policiers et qu’ils devraient rendre leurs armes, ce dangereux joujou dont les militaires ont tellement de mal à se détacher dans cette partie du monde.

Mercredi, le « 30 juin » est devenu terrain miné lorsque les hommes de Bemba, la tête cernée d’un ruban rouge en signe de colère, se sont déployés devant la résidence du chef du MLC. Et qu’en réponse, de l’autre côté de la route, les FARDC ont grossi leurs troupes. L’ultimatum expire ce soir (jeudi) à 00h00, et tout un chacun ici craint qu’il ne faille désarmer de force la garde personnelle du chef du MLC, puisqu’ils refusent de le faire spontanément. La ville est sous tension, on ne parle plus que de ça, et ici chacun prie pour qu’aucun affrontement n’ait lieu.SMSALERTE

Christine ne s’est pas risquée à aller au bureau aujourd’hui: elle travaille à 500 mètres de la résidence de Bemba. Depuis sa cité où elle se sent à l’abri, elle dénonce l’absurdité de cette situation : « Comment une même armée peut-elle se battre entre elle ? Ce n’est pas imaginable. A droite, il y a les milices de Bemba, à gauche celles de Kabila. Mais pourtant tous ces hommes portent l’uniforme des FARDC. »

De leur côté, le Ministre de la Défense tout comme la Monuc (Mission d’observation des Nations Unies au Congo) tentent d’apaiser les esprits. L’un a affirmé qu’il n’avait pas l’intention d’engager des affrontements avec qui que ce soit, l’autre a déployé une quinzaine de blindés aux alentours du boulevard. Le long du « trente juin », on croise des bérets verts, des casques bleus et des rubans rouges. Avec tout cela, les rumeurs courent et la population pâlit. Demain, espérons-le, nous reprendrons nos couleurs en constatant au réveil que le ministre de la défense avait raison. ----------------------------------------

Ceci est un article que j'ai écrit jeudi 15 au soir, puis que j'ai préféré ne pas publier de peur d'en faire paniquer quelques uns. La situation est aujourd'hui plus calme, et les Kinois sont déjà passé à la préoccupation suivante. Avec un léger décalage temporel, donc, je poste ce message afin que vous sentiez cette tension qui mine la vie des Congolais depuis des décennies. En Belgique, à force de vivre en paix on a tendance à oublier que celle-ci doit s’entretenir.

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