Et ça continue...
Après le meurtre de Serge Maheshe à Bukavu, c'était au tour d'une journaliste de Kinshasa d'être agressée voici deux jours. Anne-Marie Kalanga, présentatrice à la Radio Télévision Nationale Congolaise (la télévision publique) a reçu deux balles dans la jambe alors que trois hommes en tenue de policier tentaient de pénétrer dans sa maison.
Je n'ai pas plus d'information sur cette tentative de meurtre, ce que je constate par contre c'est que seulement quelques jours séparent les attaques de deux journalistes et que cela a de quoi faire peur au monde journalistique congolais. En protestation, une série de manifestation devrait avoir lieu cette semaine sur impulsion des organisations professionnelles des médias, notamment un sit-in devant l'état major général des forces armées de la RDC.
Hier à Kisangani a eu lieu une marche des journalistes à l’initiative de l’UNPC (union nationale de la presse congolaise), pour revendiquer l’application de leurs droits. Ce matin en écoutant la radio Okapi, j'ai pu entendre l'interview du gouverneur de la province orientale, qui était interpellé par un journaliste sur la question de la sécurité et de l'indépendance de la presse:
« Nous les dirigeants nous n’avons pas respecté les divers droits des journalistes. Nous les avons « chosifiés », paupérisés, pour qu’ils nous suivent: à qui tendra 100 $, 200$, pour qu’ils diffusent allégrement les informations qui nous concernent. Et cela a des conséquences qui font qu’une fois qu’un journaliste ose dire la vérité, nous nous en prenons violemment à lui. Il faut que la mort de Serge Maheshe puisse faire triompher la cause du journaliste et que ce métier soit respecté».
Quand ces mots sortent de la bouche d'un homme qui avoue lui-même avoir "chosifié" les journalistes, il est difficile de croire que la cause du journaliste puisse effectivement triompher en R.D.C. Un espoir cependant: Hier le ministre de la presse Toussaint Tshilombo Send a annoncé que le statut du journaliste serait très prochainement redéfini dans une nouvelle loi pour mieux garantir les droits des journalistes.