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La blogosphère de Charline à Kinshasa
4 décembre 2007

Dilemne

P1030061Un épisode avec un journal, un journaliste, et sa direction commerciale m'a rendue verte de rage la semaine dernière. A en perdre le nord et les bons principes anti-corruption.

Je m'explique: Au Congo le secteur de la presse est en situation de déliquescence morale et financière quasi-totale. Les médias n'étant pas solvables, ils sont incapables de payer leurs employés. Pour survivre, les journalistes se laissent acheter par des personnes ou des entreprises en mal de visibilité. On appelle ce phénomène le "coupage": les journaux sont remplis de publi-reportages, et les J.T. se composent d'une suite assomante d'images de réunions, de colloques ou de remise de diplômes. Un vrai désastre. Je pourrai parler longuement de cette pratique, mais je le ferai à une autre occasion.

Après la lecture inspirée d'un ouvrage sur le sujet (GRET, Le coupage: gangrène du journalisme), je me suis dit que cette fois, c'en était fini, que j'allais porter le poids de mes études de journalisme et poser un geste héroïque pour le monde des médias congolais. Fini le coupage, j'allais tenter l'expérience de la transparence. Je négocie donc directement avec le directeur commercial du journal plutôt qu'avec le journaliste auquel je suis habituée. J'ai deux formations dont je veux faire parler, et l'on tombe d'accord sur 200 $ pour les 2 articles d'une demi-page.  A ce prix-là normalement j'ai une page entière par article, mais au moins je me dis que je fais vivre le journal en tant que structure et pas juste un journaliste. Au lieu de se mettre 200 $ dans la poche, je me dis qu'il recevra 40 ou 50 $ tandis que le reste servira à faire tourner la rédaction.

Que nenni! Lorsque le journaliste m'annonce qu'il n'a reçu de sa rédaction que la somme de 6$ sur les 200 $ - soit 3% de ce que j'ai payé au directeur commercial-, je me rends compte de ma naïveté. En voulant faire vivre une entreprise, j'en arrive à ruiner ses employés, qui se retrouvent avec à peine de quoi se payer le transport jusqu'à nos bureaux. D'autant plus que je ne suis même pas sûre que les 194$ restants aient réellement servi à payer les factures de l'entreprise: peut-être cela a-t-il servi à payer le nouveau GSM du directeur commercial...

Que faire alors?? Moi je suis perdue: se la jouer "transparent" en passant par une direction commerciale qui affame ses employés, ou entretenir un journalisme gangréné en "achetant" les journalistes, en leur offrant un salaire décent au détriment de la liberté rédactionnelle ? Vraiment, j'y perds mes repères...

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Commentaires
K
Bonsoir Charline,<br /> <br /> Je viens de découvrir votre Blog et vous encourage à continuer, malgré ces désillusions, Il faut savoir dire la vérité aux Congolais, surtout aux kinois, dont le sens moral est à un niveau qu'on ne peut nommer. La crise et les guerres n'expliquent pas tout. Moi qui suis congolais, je suis choqués par le comportement de mes compatriotes quand je descends à Kin, ou ici en occident, à plus forte raison vous qui venez d'ailleurs... Du courage ...
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